La réalité des grandes villes
A Tsembehou, une « bourgade » qui se veut ari «ville», je m’étais convaincu que je vivais à Boston ou plutôt à Manhattan ! J’ai quand même droit à une rêvasserie non hihihihihihi !

Loin des dites agglomérations, au fin fond de toute « modernité ». Dans cette région de la cuvette, au coeur de l’île d’Anjouan, délimitée par des montagnes plus hautes que ces immeubles qui m’entourent et me contournent. Je me sentais en sécurité. J’étais un gamin comblé de joie.
Là-bas, ce n’est pas «la belle vie» mais plutôt la belle vue ! Coupure permanente d’électricité. Et quand la nuit tombe, la fumée des lampions nous brûle les yeux. Alors on se frotte jusqu’à s’endormir. Ainsi on a toutes et tous les yeux marron !
Pour moi, le monde se limitait autour de ces milima (montagnes). Et c’était pour moi la belle vie ! En dehors de toute ari réalité urbaine.
De mon départ à Moroni, pour la première fois, d’emblée je fus ahuri par une réalité choquante et froissante. Face à la conduite de certaines personnes. Médisance, délation, insinuation, diffamation et j’en passe!! Mais surtout ce qui m’a beaucoup commotionné, c’est la flouterie de ceux qui se prennent pour des « diplomates », mon œil !
Comment des personnes « dignes de Foi » peuvent se comporter ainsi ?
Tant pis! Ailleurs je verrai mieux, dis-je naïvement!
Des mois ont passé, j’ai pris donc Air Yemenia, cet airbus que les Comoriens nomment ari «cercueil volant ». Suite à un crash, au large de la grande comore, faisant cent cinquante-deux victimes, en 2009.
Heureusement que nous autres, on est arrivé au Caire, indemne, Dieu merci !
A la sortie de l’aéroport, surpris de ces véhicules qui roulent de tous les sens, coup de frein furieux, klaxon par-ci par-là. Sidéré de ce vacarme effrayant, mon cœur battait la chamade !
Ahlan wasahala fi Masr ya Akhi, « bienvenue en Egypte frère! » Dit mon frère, venu m’accueillir à l’aéroport avec un ami. Sous l’emprise de cette évidence cinglante. Je répondis : « Merci frère! » Mais dis-moi, comment faites-vous pour supporter ce baroufle?
Affichant un air souriant, il me répondit : « Tu n’es plus à Tsembehou frangin où tu peux siester au beau milieu de la route sans qu’une motocyclette te réveille. Ici, tu es en Egypte. Et ce n’est pas l’Egypte antique, celle dont on nous a parlée à l’école. C’est l’Egypte moderne, tu vas donc apprendre tant de choses ici. » Et quand je dis ici, c’est ici, dans les rues, au marché, à la mosquée, tout comme à la fac ! Ajoute-il.
A l’arrivée à Dar el- Malak, un quartier populaire cairote, je suis abêti par le gémissement des chevaux des vendeurs ambulants. Mais aussi de la façon dont les gens devisent dans les rues. Enfin on ne fait que « brailler ». Quand la nuit tombe c’est le théâtre de toute sorte d’activités citadines. On dirait le carrefour des dealeurs, du coup les agressions paraissent coutumières.
On apprend bien des choses en ville, aussi bonnes que mauvaises. Mais celui qui sait faire le tri, en profite tant.
Mon séjour au Caire a fait de moi un Candide voltairien. J’ai débarqué à Alexandrie, par espoir de passer de Candide à un Fréderic Moreau ou plutôt à un Eugène de Rastignac. Tristement, je suis devenu « Huron », L’Ingénu !
Récemment, lors de la formation Mondoblog à Abidjan, cette ville à vocation européenne, j’ai eu la chance de fouler le sol de mes aïeux. A Grand-Bassam, notamment à l’hôtel Tereso, là où nous, Mondoblogueurs et Mondoblogueuses, avions déposé nos bardas, la réalité était plutôt culturelle, factuelle qu’intellectuelle!
Venant de différents horizons, on était comme des frères et sœurs! Durant ce stage d’apprentissage et de partage, j’ai appris la saveur et l’appétit des villes lointaines. Cependant, j’aperçois Grand-Bassam, tout comme Abidjan, comme ville cosmopolite, une ville beaucoup plus ouverte!
Nonobstant, cela n’exclue pas les tics des grandes villes, à savoir, l’arrivisme, matérialisme, chauvinisme et la liste est longue. En ville, il n y a pas de place pour les «mauviettes ». Sinon ils ne seront que des miettes.
Moi, « Huron« , je crois sur parole tout ce qu’on me ragote. Je fais confiance à tout le monde, quoiqu’on me déçoive! Ari, je ne crois pas au mensonge.
Face à l’adversité urbaine, tout le monde se montre méfiant.
Auparavant, je pensais que la ville était mère d’entraide, de fraternité et de mutation! Une fois sur place, la réalité m’échappe. Je ne vois que des gangs, des aigrefins et surtout plein de filous. La ville n’est qu’un monstre froid qui nous métamorphose de gentleman en crazy man. Et la vérité est que les grandes villes sont dépourvues de solidarité. Pour y vivre, il faut avoir un cœur de pierre. La solidarité n’a pas de place. « Chacun pour soit Dieu pour tous. »
Toutefois, ici, la disgrâce m’a appris que «la vie est un engagement à vie. Sinon c’est elle qui nous engage en vain!» Vivre en ville, c’est donc se jeter dans une curée sans faille ni repu.
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