Comores : entre danses folkloriques et nostalgie
Je vais être plus ou moins aigre aujourd’hui. Toute chose a une fin , hein? Surtout que je ne suis pas un Y’a Bon Banania , toujours hilare même quand il prend des coups de baïonnette dans le froc !!! De quoi parle Naoumane ? De quoi je me mêle? 😛

Appelées en langue comorienne ari n’goma zashi tamaduni, les danses traditionnelles tendent à disparaitre au profit de danses dites modernes ou occidentales. Pourtant elles participent bel et bien au développement socio-économique d’un pays. Ce n’est pas que je revendique une mise à distance du modèle occidental de société, mais je pense qu’on peut bien être moderne, ouvert sur/au monde et avoir des principes : les principes du respect des traditions.
Considérées par les jeunes Comoriens comme des pratiques désuètes, obsolètes, nos pratiques patrimoniales musicales renfermant une richesse inestimable s’éteignent petit à petit. Moult jeunes Comoriens préfèrent la danse du ventre d’une Beyoncé ou d’un Ne-Yo au rumbu de Papa L’amour. Pourtant le zinisa trenga c’est le zinisa trenga. Si ailleurs ils se déhanchent tous au rythme du R&B et autres New Jack , nos femmes avec leur région fessière stéatopyge se déhanchent trente millions de fois mieux qu’une Beyonzé ou une Rihanna. D’ailleurs, par sa forme aplatie le derrière de cette Rihanna ressemble plus à celui d’un taximan qu’à un vrai derrière. Dufi la shofera, hihihihi : v
Ari, on attend l’Unesco et je ne sais qui venir faire promouvoir la patrimonialité de notre pays. J’avoue que nous sommes un peuple nourri à la facilité et à la corruption. Au lieu de valoriser le « peu » de ressources que nous possédons, on le détruit.

Les chants et danses ancestraux, multiples hymnes à l’amour et à la solidarité, qui rythmaient nos mariages et égayaient nos travaux champêtres sont aujourd’hui presque disparus. Bon nombre de comptines qui embellissaient nos chasses aux oiseaux, qui détruisaient les récoltes, se sont tristement volatilisés. Et le peu qui reste de cette culture ancestrale est méconnu par bon nombre de Comoriens.
Ari, on a un ministère de la Culture et du Tourisme. On a c’est vrai un ministère, mais sans personnel et les missions qui devraient être confiées à ce ministère on les attend !
Ce qui me fait vraiment mal c’est que ces chants et ces danses ne sont pas que des simples rituels, mais une véritable peinture de nos origines et ils symbolisent deux choses :
Premièrement, ces chants et danses nous permettent de retracer les origines de notre peuple. Comme nous sommes un peuple métissé, ces danses nous servent de repère pour bien remonter aux sources. Ainsi, les kandza, m’hulidi, dayira sont des danses d’origine arabe et le shigoma est une danse d’origine africaine.
Deuxièmement, ces chants et danses permettent de dissiper certaines confusions au sein de la religion, vu que les us et coutumes empiètent sur nos pratiques religieuses ces dernières décennies. Prenons l’exemple de la présence de l’animisme ! Ari, l’islam est la seule religion pratiquée aux Comores ! Bah vous m’en direz plus !!! Et que dites-vous des M’gala et autres Roumbou…..
Voila pourquoi je pense que ces chants sont beaucoup plus importants en matière de patrimonialité culturelle. J’ose même dire que c’est le cœur de notre civilisation.

Par ailleurs, certaines danses traditionnelles, celles qui ont pu survivre à l’ethnocide, se pratiquent à l’ occasion de célébrations de mariages. Parmi elles , il y a le Tari et le Wadaha, des danses féminines typiquement anjouanaises et qui sont célébrées par les femmes et/ou les filles. Je dis bien qu’elles ne concernent que les femmes et /ou les filles puisque dans certains milieux, notamment les milieux urbains, c’est seulement les shama (associations) composées de femmes mariées qui ont le droit de pratiquer ces rituels. Tandis que dans presque tous les milieux ruraux, n’importe quelle fille adhérente à un shama (association) a le droit de participer à ces rituels, au côté de leur maman. Hihihi, venez voir ces perles, ces jeunes filles qui portent leurs plus beaux atours, qui se maquillent au 3e degré (Celsius) et parées de bijoux choisis selon la couleur ou les motifs du tissu.

Quelles sont belles, nos sœurs, dans leur fonction de cintre! Des cintres, oui, parce que leurs habits ne suscitent qu’une certaine convoitise de la part des autres shamas. Comme nous le savons bien que l’homme est de nature jalouse, mais chez la femme la jalousie c’est juste Ouf !!!
Les agréables youyous suaves et harmonieux des belles dames et les refrains attractifs des jeunes filles se font entendre de loin. Juste d’y penser, il y a mon cœur qui se fond comme une boule de glace sous un ciel d’Alexandrie. Et comme l’ambiance est délicieuse, alléchante ! Ô laissez-moi lécher mes lèvres à n’en plus finir. Surtout que ces réjouissances sont l’occasion de rendez-vous galants. Ou plutôt des rendez-fous collants entre les jeunes gars et les jeunes fille qui prétendent venir assister à la cérémonie.

En revanche le shigoma et le garassis, danses masculines, sont pratiquement anjouanaises. On porte nos plus beaux costumes bien défroissés et bien fleuris avec une cravate et des chaussures de cérémonie à lacets noirs. Basket, tennis et autres n’ont pas leur place. C’est l’élégance qui prend le dessus.
Les jeunes filles viennent à leur tour contempler cette danse au chant folklorique, au son harmonieux et aux mélodies rythmées par les tambours.
Elles portent ostentatoirement des magnifiques shiromanis (pièce d’étoffe large avec laquelle se couvrent les femmes anjouanaises quand elles sortent hors de leur demeure). Elles revêtent aussi des châles bien parfumés et bien repassés pour les présenter à un membre de la famille ou tout simplement à un amoureux !
Cette sorte de foulard qu’on porte autour du cou pour maintenir la cadence , est souvent accompagnée d’un mwawo ( collier de fleurs). Celui qui porte ce trophée est le héros de la soirée. Il y en a qui graisse la patte à certaines nanas pour qu’elles viennent leur mettre un shiromani autour du cou. C’est pendant ce genre d’occasion que les midinettes repèrent les beaux-gosses pour les rencards et les larguent aussitôt, les bécasses. Ari, moi, beau-gosse que je suis, hihihi je m’en moque ! Je n’ai jamais eu la chance d’avoir le châle et le mwawo à la fois ! Or, c’est vrai , mais seulement une fois : P, après que ma chère sœur est venue m’apporter un châle tout neuf et quelques minutes après, une très belle demoiselle m’a collé deux tempas (noeud papillon fait à base de fleurs ) de jasmin sur les épaules !
Ce n’est pas du tout mal , non !!! Laissez-moi vivre ma joie et célébrer cette culture qu’il faut préserver.
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