Le tourment d’une jeunesse en détresse

29 décembre 2017

Le tourment d’une jeunesse en détresse

Toute vie humaine mérite chance et espoir. Cependant, moi, jeune du sud, enfin, jeune comorien, hérite de la poisse et du désespoir. Ainsi je me livre à la lassitude, ou bien à la servitude. C’est pourquoi moult d’entre nous préfèrent ce que vous appelez « la facilité » !

Info.net

Pourquoi fuir son pays ? Est-ce que c’est de leur propre gré que tant de jeunes choisissent de partir loin de leurs familles?

Si pour certains, cela leur fait plaisir de rester loin de leurs proches, et bien je crois que la plupart de ces jeunes n’ont pas vraiment le choix. C’est à cause du poids de la misère qui pèse lourd sur nos consciences. C’est à cause du désespoir que nous vivons jour après jour. C’est à cause de l’enfer que nous font vivre nos dirigeants du sud que nous finissont par partir.

Qui aurait souhaité aller se faire esclave en Libye ? Qui aurait voulu se faire enterrer vivant, pour ne pas dire se faire noyer, entre le bras de mer devenu cimetière pour Comorien, qui sépare Anjouan de Mayotte ? Si on songe partir en Europe ou ailleurs, c’est parce que dans nos pays, il y a zéro espoir. Tout est noir. On vit dans les ténèbres depuis des années.

Dans beaucoup de pays africains, et notamment dans les pays subsahariens, les jeunes sont mis à la marge de la scène politique. Chez nous, aux Comores, par exemple, il y a toujours plus de jeunes diplômés au chômage. Nos chers orateurs ou plutôt nos oracles, pour mieux manipuler la jeunesse comorienne, font semblant de l’impliquer dans un débat quelconque. Ou alors ne tentent-ils que de nous monter les uns des autres.

Et nous voici divisés. Les jeunes grands comoriens, se croyant supérieurs, se mettent à part. Nous, jeunes anjouanais privés de toute opportunité, c’est via les bruits de couloir que nous nous exprimons. Quant aux jeunes mohéliens, ils sont là en tant que supporters. Mais ils supportent qui ?

Ici les jeunes diplômés sont de vrais loosers. Ceux qui ont quitté l’école vivent mille fois mieux que la plupart de ceux qui ont fait l’école.

Allez donc dire ailleurs que l’école est le meilleur chemin pour réussir dans la vie.

J’aimerais bien être une voix qui parle au nom de cette jeunesse tant marginalisée, cette jeunesse rabaissée et surtout manipulée davantage. Mais hélas, moi aussi je suis un looser.

La jeunesse, c’est l’avenir. Si jamais nous jeunes du sud, que ce soit diplômé ou non, nous nous faisons pas une raison pour rester dans nos pays. C’est l’avenir de nos pays qui reste incertain.

Lassé de parler de mon pays d’une manière négative, je reste, souvent assis sur le bord de la mer, ici à Moroni, les yeux rivés à l’horizon. Je regarde le soleil, qui, fatigué d’illuminer ce peuple sans scrupule, dirigé par des hommes sans âme, part se reposer au-delà de l’autre coté de Océan indien. Là-bas, il y a un pays et des hommes. Là-bas, tout est scrupuleux et ingénieux. Là-bas, il y a des dirigeants qui dirigent, et non des dirigeants qui dérangent. Là-bas, il y a une jeunesse qui progresse, une jeunesse pleine de vie et qui reste toujours éveillée. Là-bas, c’est l’autre rive, tout est alors vif. Là-bas, c’est le monde de la mode, tout est ordre et propre. Pour les uns, ari, la nuit porte conseil. Pour nous autres, la nuit porte sommeil, point barre.

Je laisse derrière moi, tout un monde opprimé et méprisé par la classe politique comorienne. Je regarde la mer, loin des vagues, loin des démagogues.

Ceux qui partent pour aller tenter leur chance loin d’ici, ne sont ni fuyards ni trouillards. Il sont juste des débrouillards !!!

 

 

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