Comores, élections législatives, communales et conseillers des îles, intellos et mégalos dans les starting-blocks

6 janvier 2015

Comores, élections législatives, communales et conseillers des îles, intellos et mégalos dans les starting-blocks

A quelques jours du premier tour des élections, c’est le grand tapage au sein des staffs des partis politiques. Les maîtres du bluff, se mobilisent en masse dans leur quartier général pour nous parler d’une vie idyllique, une fois élu. Les scénarios restent les mêmes. On change juste de refrains. Plusieurs candidats en lice. Et tous ces « hommes-liges », parlent avec complaisance et à bon escient. Oh ! J’ai la gorge nouée ! Ma foi ! Dans les meetings, tout le monde expose ses desseins, à court terme tout comme à long terme. Des promesses, que des promesses et rien que des promesses qui n’ont jamais vu le crépuscule. Pauvre « hères » que nous sommes, nous continuons à gober goulûment ces « belles paroles » débitées sciemment.

Les Comores.(Carte: RFI)
Les Comores.(Carte: RFI)

Chez-nous aux Comores, cette partie du monde quasiment méconnue du reste du monde. Quand vous entendez parler de scrutin, c’est une belle partie de rigolade qui ne rigole pas du tout. Politicards et démagogues se frottent les mains de leur prouesse et de leur « odeur de sainteté ». les slogans sont bien travaillés. De sorte qu’ils vous caressent les yeux. Rien qu’en lisant les pancartes accrochées ici et là. Prenez garde donc pour ne pas tomber dans la nasse !

Pour mener à bien la campagne électorale, les activistes ou plutôt les arrivistes de chaque parti, parcourent dans tous sens. Ils côtoient foyers par foyers pour séduire les misérables maisonnées. Nos chers politiques se blanchissent à tour de rôle. Pour se faire, à chaque home où les messieurs se donnent la liberté d’y entrer. Ils versent audacieusement quelques kilogrammes du riz et quelques pièces de franc comorien et la voix est dans le sac. Inconscients de la gravité de cette paupérisation, nous y contribution en goguette. Hélas ! Quand on ignore ses droits de ses devoirs, ont fonce droit dans le mur!

Un soir, alors que j’étais moutard, un de ces électoralistes, en parfait costume, avait fait éruption chez nous pour soudoyer la famille. Monsieur qui errait comme une âme en peine, entra dans la cour pendant que ma mère surveillait une marmite de mataba, mets à base de feuilles de manioc, posée sur le foyer de fer.
Alors, pour gagner la confiance de ma mère, monsieur le diplomate ne s’est pas gêné de s’introduire à la cuisine quoique couverte de fumée. Et il s’est mis à arranger les fagots et à souffler dessus pour que les mataba bouillonnent bien. Entre-temps il commence son galimatias. Si jeune que j’étais, je fus surpris du comportement du «gentleman». Aussitôt que ce dernier franchit le seuil de notre porte de la cour,

Pancarte à Mutsamudu
Pancarte à Mutsamudu

je demandai à ma mère : « Maman c’était qui ce monsieur qui nous a rendu visite.
Maman, avec le sourire, me répondit : « c’est monsieur je ne sais qui.» Moi, avec une curiosité enfantine, et qu’est-ce qu’il est venu faire chez nous monsieur je ne sais qui ?
Mère, « monsieur je ne sais qui est venu me parler de je ne sais quoi. »

Moi, et pourquoi il t’aidait à mitonner les matabas, malgré son look?
Maman, «c’est un type insidieux aux habits captieux, prêt à tout pour arriver à ses fins. Méfie-toi mon fils de ce que tu dis look. Sers-toi plutôt de loupes pour ne pas tomber dans une élégance fallacieuse. Le monde grouille d’hypocrisie et d’hypocrites. Surtout en cette période de campagne électorale. Mais tu ne comprendras cela que quand t’auras grandi. » fin de la discussion. La fin justifie les moyens hein !

Ce n’est que quelques années plus tard, quand monsieur je ne sais qui discourait lors d’un meeting en occasion d’un autre scrutin, que je me suis rendu compte que ce n’est qu’un gugusse. Et que ma mère avait toutes les raisons de le qualifier d’un je sais qui.

dafinemkomori.centerblog.net listes_des_electeurs_affichees_devant_un_bureau_de_vote
dafinemkomori.centerblog.net  listes_des_electeurs_affichees_devant_un_bureau_de_vote

Là-bas, lors de la précampagne et pendant la campagne électorale, c’est l’algarade au sein des grandes familles, le Ramdam dans les places publiques. On parle à tort et à travers, de tout et de rien. Comme le chômage bat un grand-record. Pour les jeunes diplômés, les chances d’être embauché quelque part, sont si étroites qu’un chas d’une aiguille. Cela s’avère donc un atout inestimable des candidats et mais aussi un enjeu majeur pour les chômeurs.
Alors pour faire l’intéressant, la règle est simple. Il suffit juste d’avoir la grande gueule, genre devenir moulin à paroles et fourrer son nez un peu partout. Et si vous possédez cet art de bien dire, dite ari la rhétorique, à part le charisme, tant mieux.

Que vous soyez diplômé ou non, c’est le moment opportun de devenir « diplomate ». J’appelle cela « le sprint de jeunes loups». Et si jamais votre parti tombe au premier tour. Vu le pluralisme politique dans un minuscule état comme le nôtre. Ce qui n’étonne personne d’ailleurs, alors vous vous rejoignez si vite un autre parti. Ainsi pour se faire mousser au sein du nouvel parti. Vous allez subitement retournez notre veste. Vous allez vous-même vous dédire, sans gêne ni honte, de ce que vous critiquiez vivement auparavant.

Il paraît qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Donc pour endormir l’attention de nos papys et mamies, on leur promet le pays de cocagne. Ce qui compromet tant de relations familiales qu’amoureuses . Et cause autant de charivaris dans plusieurs homes et chamboule tout. Par conséquent le voisinage est rompu jusqu’à un nouvel ordre.
Ce qui fait vraiment pitié, lors des élections ou plutôt des électrons, puisque ça ne nous apporte que de charges négatives, est que cette foutue politique n’épargne personne. Tout le monde devient «politicien». Médecins et imams, cultivateurs et éboueurs, petits et grands… etc on se trouvent tous dans le même bateau.
Là-bas, quand vous entendez parler de vote, ce n’est pas une plaisanterie. C’est un vrai délire, une vraie course à l’échalote. Et quand monsieur, tant soutenu, arrive au pouvoir, fini l’esbroufe. Il ne pense qu’à sa petite personne et sa famille, adieu les marionnettes. Pourvu que les déboires du dernier scrutin ne nous aient pas servi de leçon!

 

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